Je ne sais pas par où commencer, ni par quoi. Qu’est ce qui m’amène aujourd’hui à venir écrire.
Je crois que j’ai besoin de crier ma rage et mon désespoir à des personnes qui ne mettront jamais de visage sur mon nom.
Rage et désespoir, mais surtout honte. Une honte terrible et inavouable qui me torture chaque jour, du matin au soir, du soir au matin, la nuit, tout le temps.
Je ne me souviens plus comment ça a débuté, quel âge j’avais; 8, peut être 9 ans.
Je me souviens juste de nous deux se frottant l’un contre l’autre. Tout le temps dans ta chambre, jamais dans la mienne. A quelle fréquence, comment, pourquoi…je n’ai pas ces réponses. Mais je sais que je n’invente rien au vu de la tournure qu’on pris les évènements.
J’avais 10 ans, ce petit garçon 5, il me semble. – Ma mère est assistante maternelle -. Je l’ai emmené dans ma chambre, je l’ai déshabillé, et je me suis frotté à lui. Comme on le faisait ensemble. Heureusement son père est rapidement arrivé; qui sait jusqu’où j’aurais pu aller sinon. Mon coeur battait la chamade, j’ai eu peur, j’ai eu honte. Donc je savait que ça n’était pas normal. Alors pourquoi n’ai-je rien dis.
J’aurais pu épargner tout ça à Pauline, à maman, à papa.
Tu venais d’avoir 18 ans, Pauline en avait 6. Elle jouait souvent avec nous, dans nos chambres respectives, sans surveillance particulière. A quoi bon elle était là depuis qu’elle avait 2mois, elle faisait partie de la famille. Et toi, par ce dimanche après midi, tu lui a montré ton sexe.
Et moi je n’ai toujours pas parlé, toujours pas fais le lien.
Les années ont passées, je n’en garde pas de souvenirs.
A 15 ans l’anorexique a pointé le bout de son nez. Je ne comprennais pas.
Puis la boulimie. Elle a remis le vice en place; peut être ne s’était-il jamais arrêté.
Tu voulais que je fasse ton « assistante ». Que je t’enfonce des objets dans l’anus, que je te rase les poils pubiens. Puis tu te masturbais devant moi. Je ne cillais pas, je ne bronchais pas. En échange je te réclamais de l’argent, toujours plus. Grâce à quoi je bouffais encore et encore, je recouvrais ce dégoût qui m’assaillait.
En mars 2011 j’ai voulu te faire payer. Il fallait bien que je désigne un coupable à ma déchéance. J’ai acheté des tas de choses inutiles sur le net. Tu as porté plainte. J’ai été condamné.
J’ai brisé la loi du silence, si peu. J’ai parlé aux parents. -rien-
J’ai porté plainte, subi l’expertise psy. -rien-
Les parents ont été convoqués. J’ai retiré ma plainte. Le procureur a pris la décision de continuer les poursuites.
A quoi bon? Ca ne me fait rien. Parce que je ne comprends pas. Parce que j’ai honte. Parce que je suis aussi, sinon plus coupable que toi. J’ai entrenu la chose, si longtemps. N’y-ai-je pas moi même pris du plaisir?
On dit que parler soulage. Je ne trouve pas.
Je ne sais pas comment j’ai fais pour avancer jusqu’ici. Je ne sais pas comment je fais pour continuer. Je vis à côté de ma vie; tel un zombie.