J’ai bientôt 30 ans et je n’ai rien fait de ma vie. Dés ma naissance une sorcière s’est penchée sur mon berceau et m’a tracé toute ma vie.
Au plus loin que je me souvienne, j’avais 7 ans quand les viols ont commencé. A l’époque je pensais que mon père m’aimait et que c’était une façon de partager cet amour. J’ai très vite été envahie par l’idée de la mort, quelque chose ne tournait pas rond !!Le soir je m’imaginais dans un cercueil et j’attendais le mort. La mort n’était en fait que mon père. Un père à la sexualité surdéveloppée à mon avis et qui me manipulait physiquement et psychologiquement.
Ma mère, ni sécurisante, ni protectrice, m’a laissé sa place de femme auprès de mon père avec tout ce que cela implique. Elle me disait : « t’es tellement parfaite, tu n’as qu’à prendre ma place ». Une perfection que je ne pensais pas avoir mais j’ai pris ce rôle tellement j’aimais mon père. Je ne savais pas que cela allait gâcher toute ma vie.
De son côté, mon grand frère, me voyant engloutie dans cet amour paternel et sexuel, m’a offerte à ses copains, « tu as de l’expérience ». Ce qu’on appelle tournante aujourd’hui était déjà d’actualité. Pourtant j’étais asexuée mais ils disaient « un trou c’t un trou ». L’humiliation totale.
J’ai subi le muscle d’amour paternel jusqu’à mes 14 ans. Finalement je n’étais pas une femme, mon corps ne se transformait pas. Je n’ai pas compris mais j’étais anorexique et ce depuis l’enfance.
Puis à 16 ans, mon père est mort et malgré tout je l’ai idéalisé face à une mère détestable et méchante. J’ai eu récemment deux opérations du visage pour oublier qu’elle était un peu trop excessive.
Aujourd’hui je me sens détruite, salie et je ne sais pas vers quoi je vais. La mort a fait son chemin, l’anorexie aussi. Me voilà à 30 ans et j’ai des relations très compliquées avec les personnes que je rencontre. Je suis à la recherche d’une mère protectrice et aimante pour la petite fille qui est en moi. Je ne supporte pas le contact physique avec un homme. La sexualité est un mot tabou pour moi. J’aimerais revenir en arrière dans une autre famille, j’aimerais redevenir une petite fille alors que je suis en âge d’avoir des enfants. Mais je n’en veux pas parce que je n’ai pas confiance en moi. Je ne me sens pas d’avoir des responsabilités, la responsabilité d’un petit être. Et surtout de me dire qu’il est possible d’aimer sans que cela soit rattacher à une souffrance.
Je passe du temps à attirer les personnes vers moi puis à les rejeter dés qu’une petite chose ne va pas. Et surtout ce lourd passé fait peur aux gens. J’ai parfois le sentiment d’avoir une étiquette sur le front écrit en gros : « VIOLÉE, NE PAS S’APPROCHER ». Je dégage certainement quelque chose de repoussant pour les autres. Alors finalement j’ai décidé de changer, de cacher. Le rejet je le vis autrement, je me fais vomir et ça me soulage un instant. C’est con mais le plaisir de vomir et le seul plaisir que je m’octroie.
Je suis suivie en psychothérapie depuis 13 ans dont 10 avec le même psychiatre qui a beaucoup de patience mais comme beaucoup de psys pensent d’abord à régler les symptômes par des médicaments pour se protéger et sûrement me protéger.
J’ai besoin d’aide, je le sais, alors je cherche et je témoigne.