Le Trouble dissociatif de l’identité

Le Trouble dissociatif de l’identité (auparavant Personnalité multiple) est caractérisé par la présence de deux ou plusieurs identités ou « états de personnalité » distincts qui prennent tour à tour le contrôle du comportement du sujet, s’accompagnant d’une incapacité à évoquer des souvenirs personnels. Cette incapacité est trop importante pour s’expliquer par une simple «mauvaise mémoire ».Ce trouble se caractérise plus par une fragmentation de l’identité que par une prolifération de personnalités distinctes – DSM IV TR  P.608 –

Critères diagnostiques

Trouble dissociatif de l’identité

A. Présence de deux ou plusieurs identités ou « états de personnalité » distincts (chacun ayant ses modalités constantes et particulières de perception, de pensée et de relation concernant l’environnement et soi-même).

B. Au moins deux de ces identités ou «états rie personnalité » prennent tour à tour le contrôle du comportement du sujet.

C. Incapacité à évoquer des souvenirs personnels importants, trop marquée pour s’expliquer par une simple «mauvaise mémoire ».

D. La perturbation n’est pas due aux effets physiologiques directs d’une substance (p. ex., les trous de mémoire ou le comportement chaotique au cours d’une Intoxication alcoolique) ou d’une affection médicale générale (p. ex., les crises comitiales partielles complexes). N.-B. : Chez l’enfant, les symptômes ne peuvent pas être attribués à des jeux d’imagination Ou à l’évocation de camarades imaginaires.

Caractéristiques diagnostiques

La caractéristique essentielle du Trouble dissociatif de l’identité est la présence de deux ou plusieurs identités ou « états de personnalité »distincts (Critère A) qui prennent tour à tour le contrôle du comportement (Critère B). Il y a une incapacité à évoquer (les souvenirs personnels importants,, dont l’ampleur est trop grande pour qu’elle s’explique par une simple «mauvaise mémoire »(Critère C). La perturbation n’est pas due aux effets physiologiques directs d’une substance ou d’une affection médicale générale (Critère D). Chez l’enfant, les symptômes ne peuvent pas être attribués à des jeux d’imagination ou à l’évocation de camarades imaginaires. Le Trouble dissociatif de l’identité reflète un échec de l’intégration de différents aspects de l’identité, de la mémoire et de la conscience. Chaque état de personnalité peut avoir sa propre histoire personnelle, son image de soi et son identité, notamment un nom particulier. Habituellement, une sorte (l’identité première porte le nom de baptême du sujet ;elle est passive, dépendante, dépressive et éprouve un sentiment de culpabilité. Les identités qui alternent avec celle-ci ont fréquemment des caractéristiques et des noms différents, qui contrastent avec l’identité première (p. ex., elles sont hostiles, autoritaires, autodestructrices). Certaines identités particulières ne surgissent que dans des circonstances qui leur sont spécifiques ; elles peuvent différer par l’âge et le sexe qu’elles déclarent, par le vocabulaire, la culture générale ou par l’état affectif prédominant. Tout se passe comme si les différentes identités prenaient le contrôle l’ une après l’autre, aux dépens l’une de l’autre. Elles peuvent prétendre ne pas avoir connaissance les unes des autres, ou alors se critiquer voire apparaître en conflit ouvert. Quelquefois, une ou plusieurs identités fortes «accordent du temps »aux autres. Des identités agressives ou hostiles peuvent à certains moments interrompre les activités d’autres identités ou les mettre dans des situations inconfortables. Les sujets présentant ce trouble ont fréquemment des trous de mémoire à propos de leur histoire personnelle, tant ancienne que récente. L’amnésie est souvent «asymétrique ».Les identités plus passives ont tendance à avoir des souvenirs plus restreints, alors que les identités plus hostiles, plus autoritaires, ou « protectrices » ont des souvenirs plus complets. Une identité qui n’a pas le contrôle peut néanmoins accéder à la conscience en produisant des hallucinations auditives ou visuelles (sous la forme d’une voix donnant des instructions). La présence d’une amnésie peut être mise en évidence soit par les témoignages de personnes qui ont assisté à des comportements que le sujet désavoue, soit par les découvertes du sujet lui-même (p. ex., s’il trouve chez lui des vêtements qu’il ne se rappelle pas avoir achetés). . La perte de mémoire peut concerner non seulement plusieurs périodes de temps distinctes, mais on peut rencontrer aussi une perte complète de la mémoire autobiographique pour une longue période de l’enfance, (le l’adolescence ou même de l’âge adulte. Le passage d’une identité à une autre est souvent déclenché par un stress psychosocial. Le temps nécessaire pour passer (l’une identité à l’autre est habituellement de quelques secondes ; plus rarement, la transition est progressive. Les comportements pouvant être fréquemment associés au passage d’une identité à une autre sont un rapide clignement d’yeux, (les modifications du visage, des changements de voix ou d’attitude, ou une rupture dans le fil de la pensée. Le nombre d’identités varie de 2 à plus de 100. La moitié des cas rapportés dans la littérature comportent 10 identités ou moins.

 

Caractéristiques et troubles associés
Caractéristiques descriptives et troubles mentaux associés.

Les sujets ayant un Trouble dissociatif de l’identité déclarent fréquemment avoir subi de graves sévices corporels et abus sexuels, en particulier pendant l’enfance. L’exactitude de tels récits est
controversée, d’une part parce que les souvenirs d’enfance peuvent être déformés etque certains sujets atteints de ce trouble ont tendance à être facilement hypnotisableset particulièrement sensibles à la suggestion. Pourtant, les antécédents d’abus sexuelsou de sévices corporels rapportés par les sujets souffrant d’un Trouble dissociatif del’identité sont souvent confirmés par des preuves objectives. Les individus ayant unTrouble dissociatif de l’identité peuvent présenter des symptômes post-traumatiques(p. ex., des cauchemars, des flash-backs, des réactions de sursaut) ou un état de stress post-traumatique. On peut observer des automutilations, (les comportements suicidaires et agressifs. Certains individus ont des relations avec autrui impliquant de façon répétitive violence physique et abus sexuel. Certaines des identités peuvent présenter
des symptômes de conversion (p. ex., des pseudo-crises d’épilepsie) ou faire preuve d’une capacité peu ordinaire à contrôler la douleur ou d’autres symptômes physiques. Les individus ayant ce trouble peuvent avoir également des symptômes qui répondent aux critères diagnostiques d’un Trouble de l’humeur, d’un Trouble lié à une substance, d’un Trouble sexuel, d’un Trouble de l’alimentation, ou d’un Trouble du sommeil. Un comportement automutilatoire,une impulsivité, des changements soudains et excessifs d’attitude dans les relations interpersonnelles peuvent justifier un diagnostic concomitant de Personnalité borderline.
Examens complémentaires. Les scores aux mesures d’hypnotisabilitéet de capacité
dissociative des individus ayant un Trouble dissociatif de l’identité se situent à l’extrémité supérieure de la distribution. Certains indices physiologiques ou physiopathologiques
pourraient varier d’une identité à l’autre (p. ex., l’acuité visuelle, la tolérance à la douleur, les symptômes d’asthme, la sensibilité aux allergènes et la réponse du glucose sanguin à l’insuline).
Examen physique et affections médicales générales. Il peut y avoir des cicatrices de lésions d’automutilation ou bien des traces de sévices corporels. Les sujets peuvent souffrir de migraines ou d’autres types de maux de tête, d’un syndrome du colon irritable et d’asthme

 

Le diagnostic différentiel entre le Trouble dissociatifde l’identité et bon nombre
d’autres troubles mentaux (dont la Schizophrénie et les autres Troubles psy- chotiques, le Trouble bipolaire à cycles rapides, les Troubles anxieux, leTrouble somatisation et les Troubles de la personnalité) est compliqué pard’apparents chevauchements symptomatiques. Ainsi, la présence de plusieurs personnalitéspeut être interprétée comme une idée délirante ou la communication entredifférentes identités prise pour des hallucinations auditives, ce qui fait porter à tort le
diagnostic de Trouble psychotique ; les changements d’identité sont confondus avec des fluctuations cycliques de l’humeur, ce qui conduit au diagnostic erroné de Trouble bipolaire. Les arguments en faveur du diagnostic de Trouble dissociatif de l’identité sont la présence d’une symptomatologie dissociativenette avec des changements soudains d’identité, la persistance et la stabilité dans le temps d’attitudes et de comportements propres à des identités spécifiques, une amnésie réversible, les preuves d’un comportement dissociant’antérieurement à l’examen clinique ou médico-légal (p. ex., rapportés par la famille ou des collègues de travail) et des scores élevés aux mesures d’hypnotisabilitéet de dissociation chez des sujets qui n’ont pas les symptômes caractéristiquesd’autres troubles mentaux.

…/…DSM IV

Par Emma Young  juil. 27 2017

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