Il y a quasiment 1 an et demi, je choisissais de parler.
De parler de ce tabou, de briser le silence. Moi, qui allait sur mes 30 ans, maman de 4 petits garçons, je choisissais d’affronter mon agresseur, et de dénoncer le loup dans la bergerie.
Je ne pensais pas que ma sœur ,elle même victime , me tournerait le dos. Ni que ma mère allait me planter un couteau dans le dos.
Je pensais qu’en parlant, elles me comprendraient, me soutiendraient, m’épauleraient .
Mais je n’ai jamais été aussi seule.
Toute ma vie à porter ce poids. A en souffrir. Le besoin de trouver d’autres personnes comme moi. D’autres malheureuses victimes d’inceste… Être comprise. J’avais besoin de ça.
Mon mari, d’un éternel soutien sans failles, par bonheur ne peut pas comprendre l’enfer de vivre comme ça. L’incompréhension des gens, les cauchemars, les tentatives de suicide, les mutilations, les peurs inexpliquées, le manque de confiance, le besoin d’être crue, écoutée et j’en passe.
Un jour en cherchant sur internet je suis tombée sur un article qui parlait d’un groupe de parole , relativement proche de chez moi, pour les victimes et proches de victimes d’inceste et pédocriminalité.
D’un coup une lueur. Je ne suis pas seule. Il n’y a pas que pour les alcooliques anonymes qu’il y a des groupes…
Après une discussion avec ma moitié, nous envoyons un mail.Une réponse rapide pleine d’empathie. Nous calons une rencontre. Je ne veux pas être seule, je veux que mon mari soit à mes côtés. Çà ne cause pas de problème à la responsable du groupe.
Elle semble gentille, et à l’écoute.
Lors de notre rencontre, je lui raconte mon histoire, ma vie depuis ma naissance. La solitude. Elle voit bien que physiquement je ne tiens pas à grand chose.
Mais je me bats pour avancer.
Elle me propose si je le souhaite de venir déjà une première fois au groupe de parole. Je suis un peu inquiète car je ne sais pas ce que je vais dire, mais elle se veut rassurante et m’explique que tous les mois il y un thème donné pour nous aiguiller. Et que dans le groupe il n’y aura que des victimes ou proches de victimes.
Je choisis de me lancer et d’y aller. Mais toujours pas seule, une des personnes en qui j’ai une confiance aveugle, mon mari, m’accompagnera.
Chaque mois j’attends avec impatience le groupe. Ce jour, où je peux être moi sans faux semblants. Je sais que je ne serais pas jugée ni regardée de travers. Je peux parler de ce que j’ai vécu, de ce que je vis. De ce que j’ai ressenti et ressens aujourd’hui. De mes peurs, mes rêves.
Je ne suis plus seule. Même si la plupart de ceux de ma famille m’a tourné le dos, ce groupe est beaucoup pour moi,tous reliés par la même merde qui nous ronge. Parler me fait énormément de bien. Mais écouter chacun également. Je revis depuis que je vais là bas.
Si il n’y avait pas eu tout ça je ne sais pas comment je serais. Mais je suis certaine que ce ne serait pas mieux, loin de là. Chaque rencontre apporte tellement. Bien sûr j’ai toujours mal quand quelqu’un choisit de raconter un bout de son histoire. Grâce à tous ces échanges, je me comprends beaucoup mieux. Je comprends certains comportements que j’ai eus.
Et surtout je vois que ce n’est pas parce que je suis folle mais bien dû au traumatisme que j’ai vécu.
Ce groupe, et ces personnes sont pour moi très importants, une grosse bouffée d’air 1 fois par mois pour affronter les autres jours.
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