Indicateurs de maltraitance chez l’enfant

Liste des indicateurs de maltraitance de l’enfant

Les signes de maltraitance ou indicateurs de souffrance physique et mentale chez l’enfant que j’ai identifié au cours de ma pratique de psychologue clinicienne se regroupent en quatre types: les troubles de la vie de relation signifiant un déséquilibre de l’organisme, les troubles dans la vie psycho-affective révélateurs d’un ou d’une série de traumatismes répétés, les symptômes psycho-somatiques, les déficits ou retards dans les différents apprentissages dont les apprentissages scolaires.

a) Troubles de la vie de relation signifiant un déséquilibre de l’organisme : 

  • Troubles du sommeil avec réveils nocturnes, cris, cauchemars, hurlements ou refus de s’endormir. En général, la difficulté de l’enfant à s’endormir s’accompagne de symptômes psychologiques appelés peurs, peur de la noirceur, peur de se retrouver seul quand il se réveille (à relier à l’angoisse de séparation, quand celle-ci s’opère à son insu, de l’être aimé, voir infra).
  • Troubles de l’appétit ( refus du biberon, régurgitations, picorage, anorexie, ou contraire boulimie) s’accompagnant de nausées et, ou de vomissements.
  • Perte du contrôle des sphincters (énurésie, encoprésie) quand ce contrôle a été acquis auparavant ou bien retard dans l’apprentissage à la propreté ; parfois, coprophagie.

b) Troubles dans la vie psycho-affective signifiant un ou une série de traumatismes répétés dans sa vie psychique :

  • Changements de l’humeur avec colère, agressivité, nervosité, agitation.
  • Repli sur soi avec humeur triste et taciturne. 
  • Conduite de négation avec refus, refus de faire ce qu’on lui demande, refus d’aller à l’école quand d’âge scolaire.
  • Manque d’attention, de concentration, rêverie, absence d’écoute : ce qui explique la possible chute dans la performance scolaire si d’âge scolaire avec parfois, perte des acquis antérieurs ; ce qui rend compte aussi d’un possible retard dans les apprentissages scolaires. Cette absence dans la fixation de ce qui se passe autour de lui, s’apparente à la perte du contact avec le réel.
  • Perte du contact avec la réalité : souvent est mentionné le regard « vide » de l’enfant quand il revient chez le parent maternant, son comportement « bizarre », errant de pièces en pièces comme pour se rassurer. Parfois, l’enfant s’enquiert auprès de son parent, tout en s’en inquiétant, si la chambre qu’il occupe est bien sa chambre, les jouets qui s’y trouvent sont bien ses jouets, le petit frère ou la petite sœur, sont bien son petit frère ou sa petite sœur. L’enfant redécouvre « son chez lui » qui n’est plus tellement « son chez lui » puisqu’on lui fait mener une vie d’allers et de retours dans plusieurs endroits (il arrive que l’enfant n’est pas toujours hébergé à chaque séjour chez le parent non maternant, mais chez ses grands-parents, oncles, tantes ou amis) donc de déséquilibre, de perte des repères, de perte d’identité et du sens de l’appartenance, les frontières entre le moi et le non-moi, ce qui est à moi et pas à moi s’estompant : il doit se réadapter à chaque fois, retrouver ses repères, reconstruire une identité morcelée, en voie de dépersonnalisation, de déstructuration. 
  • Angoisse d’abandon : le jeune enfant se sent abandonné par le parent qui le materne, le protège, lui assure sa sécurité, lui donne amour, affection, tendresse mais qui, du jour au lendemain, l’envoie ou le laisse partir, parce qu’il en a été décidé ainsi par la Cour, avec un parent qui fait peur, ou presque inconnu ou avec qui il ne se sent pas bien. L’enfant pense alors qu’il n’est plus aimé, que sa mère ne veut plus de lui. Désemparé, il est si triste qu’il peut arriver à croire que c’est parce qu’il est « vilain » ou pas assez gentil que sa maman le punit, lui fait du mal en l’envoyant chez un parent qui l’effraye! 
  • Absence de confiance en soi : La perte du contact avec la réalité due aux changements récurrents et aux ajustements imposés lors de la rupture des rythmes bio-psychologiques conjuguée à l’angoisse d’abandon entraînent l’apparition de l’incertitude et du doute. Chez le jeune enfant, ce manque de confiance en soi se manifeste de façon particulière : on parle d’un enfant inquiet, qui ne « sait pas ce qu’il veut », changeant, « capricieux ».

c) Symptômes psycho-somatiques quand les troubles physiques et psychologiques culminent en intensité et, ou en chronicité:

  • Éruptions cutanées (eczéma, zona ou autres), asthme, maux de ventre, céphalées, convulsions.

d) Déficits ou retards dans les apprentissages.

  • Apprentissage à la parole : le bégaiement peut apparaître ; apprentissages à la lecture, à la dextérité fine (dessins, écriture), au calcul ; apprentissages à la propreté (se laver, se brosser les dents), aux bonnes conduites (bien se tenir à table, dire merci, bonjour etc…).

Par Dominique Brunet, Docteur en psychologie
Bourges, France  https://www.psycho-ressources.com/bibli/indicateurs-maltraitance.html

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