La mort a toujours été omniprésente en moi.
Tout petit, la confrontation avec l’inceste m’a obligé à trouver un réconfort ailleurs.
La sensation de vide, d’impuissance, de froid, de silence, de pesanteur, et la volonté de m’exclure d’un monde qui n’était pas pour moi sont arrivées à l’âge de 6 ans.
Autour, il y avait aussi ma famille qui participait à la programmation de ces actes.
Les responsable sont eux, et l’inceste.
Côté famille… Je me souviens d’une otite qui n’avait jamais été soignée. Ma mère ne s’occupait pas de moi à cet âge.
La douleur dans mes oreilles étaient insupportable, cuisante. Ma mère parlait de mensonge. Je me tapais la tête contre les murs pour dégager l’effet de ce calvaire. Je mettais ma tête sous l’eau. Alors j’ai “appris” à “souffler” par les oreilles tous les soirs. Jusqu’au jour où les bouchons sont partis… C’est grâce à cela que j’ai soigné mon otite. Aujourd’hui j’en garde les stigmates…
Puis un phimosis tardif, trop même, les brûlures sur mon pénis, horrible. Sans parler de la pince enfoncé dans l’ urètre car un “oubli de pansements…”. Douleur qui aura mis des années à vraiment disparaître.
Tout au long de ma vie, une partie de moi rêvait en cachette du néant, de l’après, du désir absolu d’être purifié par la mort.
Puis, j’ai commencé par couper des fils électriques. A les brancher à l’ électricité puis à les tenir par les bouts dénudés. Puis je m’amusais à retenir ma respiration, au maximum. Je me regardais dans le miroir sans respirer et sentir l’étourdissement… Peut-être aussi pour me rapprocher d’une réalité, de la mienne.
J’habitais à la campagne. Je vouais un véritable culte autour de la mort. Je ramassais les oiseaux, rongeurs et leurs faisaient une petite sépulture dans lesquels je mettais quelques “gris-gris” pour les réconforter. Je creusais des petites tombes… Je pleurais. Seul. Un jour, je me souviens d’avoir été malade à l’idée de manger une souris en pâte d’amande… J’étais souvent malade à l’époque. Je vomissais.
Dès que je le pouvais, je regardais des films d’horreurs. Je me souviens de ma belle mère qui s’amusait à me laisser les regarder… Feuilleter le Larousse Médical illustré…
Peu à peu les prises de risques devenaient plus calculées. J’aimais me confronter aux dangers, réels ou pas. Plus j’avançais dans l’âge et moins je comprenais ce corps qui réclamait des pratiques curieuses.
En vacances, à 10/12 ans, je me levais parfois tôt le matin. J’ai toujours vénéré l’aurore. Je me baladais nu dans le jardin de mes grands-parents. Tout en regardant sur quelle branche d’olivier je pourrais me pendre. Je me plaisais à l’idée de me réincarner dans la peau d’un autre animal.
Une bête puissante, un loup ou un loup-garou. J’ai toujours été divisé en deux. Alors, pourquoi pas, mi-homme mi-bête, en dichotomie…
C’est à l’adolescence que tout se précipita. L’inceste influait dans mon sang, mon cœur et mon esprit de manière intense. Le dérèglement de la machine, la perte totale de contrôle s’amplifiait. L’envie de mourir aussi. Ne pas comprendre qui l’on est. Ne pas savoir pourquoi on est ainsi.
Trop de pourquoi ? Trop de comment ? Et pas assez d’amour et ne pas être entendu me définissait dans une stratégie de suicide. Pas de choix, aucun… j’étais bridé de tous les côtés.
Mon agresseur m’a appris à boire très tôt. Alors j’ai bu, beaucoup trop, jusqu’à la folie… La petite mort, à petit feu, la destruction.
Je ne supportais pas les échecs. Plus je les sentais arriver plus je m’enfonçais et plus je désespérais.
La solution, la corde. A 17 ans , je me suis pendu avec un câble électrique accroché à mon armoire. En basculant de ma chaise, le fil tendu je ne cherchais même pas à me débattre.
Sauf que le plastique ça glisse. Le nœud n’a pas tenu. Je suis tombé. Resté étourdit pendant ?
Je gardai les traces au coup pendant quelques jours. Mon père le vit et ? Et bien rien.
Mal-être. L’inceste, la vision du pénis de mon agresseur, me forcer à lui faire une fellation. Me rabaisser, la souffrance, me piétiner, n’être qu’un objet. Juste bon à rien. Suis je homosexuel ? Bisexuel ? Hétéro ? Qui suis je ?! Suis je utile ? Où vais je ?
A la sortie de l’armée, autre tentative, trop seul, dans le noir, mon père cherche à me joindre. Je reste prostré chez moi. Je ne veux pas le voir. La prostitution. J’y pense. Je commence. Je ne le supporte pas. mais je fais : pourquoi !?
J’avale tous les médicaments de ma mère. Je suis chez elle. Je dors longtemps… Longtemps.
La boisson, l’élixir qui a toujours entretenu le lien entre moi, la mort, et ma famille. Autre tentative de suicide, au couteau, un autre échec. J’étais en prépa pour être Officier de Marine Marchande. Mon père m’a coupé les crédits en moitié d’année… Terrible défaite. Terrible déception. Je bois. Je pleure.
Pendant des jours et des jours replié sur moi-même et penser enfin à mourir.
Je pris un couteau de plongée et commençai à me limer les bras. Deux amies de l’époque m’en empêchèrent. Mourir. Un de mes passe-temps favoris.
Un événement arriva dans la famille. Ma grand-mère vendit le seul havre de paix que je connaissais.
Ultime dépression. Ne plus me respecter du tout. Choisir l’abandon de soi, boire, boire… Prostitution. Oublier le passé.
Mais le désir de mort est toujours omniprésent. Quoi que je fasse : la vaisselle, devant l’écran d’ordinateur. Je reste constamment déconnecté, déconcerté de ce que je suis.
Imprégné par mes pensées lugubres et pourtant si apaisantes. La mort a été longtemps mon amie.
Des victimes d’inceste ont réussi à se donner la mort. Emportant avec elles l’horreur d’un père, d’une mère, d’un frère qui les violaient. Vivre avec l’insupportable est une torture continuelle. C’est une constante. Puis, il y a la sortie du déni.
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