Les symptômes dissociatifs « moins », « trop »

Article de THERAPIE Psychotrauma par Solenn Habre Psychologue

Les symptômes suivants ne doivent pas être provoqués par une maladie physique, un trouble neurologique ou l’abus d’une substance provoquant l’altération de la conscience.

On ne vit pas tous les mêmes symptômes, ni avec la même intensité. Ceux-ci peuvent être temporaires ou chroniques. Voici quelques exemples.

Vous retrouverez tous ces symptômes avec plus d’explication dans  :

  • le livre Gérer la dissociation d’origine traumatique (2017), de  S. Boon, K. Steele et O. Van der Hart. dont je me suis inspirée pour cet article
  • le site internet du Dr M. Salmona www.mémoiretraumatique.org

Les symptômes dissociatifs dans le « moins »

Cela se manifeste par la perte de souvenirs d’évènements importants de votre vie, une insensibilité émotionnelle et/ou physique. Ces pertes ne sont qu’apparentes et momentanées.

L’amnésie dissociative : oublis importants qui ne sont pas causés par l’oubli normal. L’amnésie peut s’étendre sur une longue période de vie (cela peut aller d’un évènement unique à plusieurs années oubliées). Certains aspects d’un évènement peuvent être oubliés. 

L’amnésie traumatique n’est pas un simple oubli. C’est une réelle incapacité à se remémorer des informations autobiographiques, des éléments importants de sa vie, de son passé. Le plus souvent ce sont des informations traumatiques liées à des maltraitances infantiles, des désastres naturels, des évènements de guerre, des violences intra ou extra familiales par exemple.

Se rendre compte de ces oublis fait peur.

« Je ne me rappelle de rien c’est le trou noir, je sais juste que j’ai posté ces lettres puisque j’ai retrouvé le tampon de la poste », « ma mémoire est un gruyère », « je m’emmêle beaucoup dans mes souvenirs », « je ne suis plus très sur d’avoir vécu cela », « j’ai toujours été étourdi de toute façon », « on me dit souvent que je mens ou que je me trompe alors que je suis convaincu d’avoir vécu/pas vécu/vu/pas vu, etc. cela ».

La dissociation provoque une perte de temps : arriver à un endroit sans se rappeler comment, ne pas reconnaître des gens qui eux nous connaissent, ne plus se souvenir de ce que l’on a fait ces dernières heures, perdre sans cesse ses affaires personnelles, ne plus savoir comment exécuter une tâche pendant un moment donné, etc.

La dissociation provoque une distorsion du temps : le temps peut sembler passer étrangement très vite (plusieurs heures peuvent passer aussi vite qu’une heure) ou au contraire très lentement. Il peut y avoir des moments de confusion spatio-temporel.

« je suis restée de 1h à 7h du matin éveillée dans mon lit et pourtant je n’ai eu l’impression de n’être pensive qu’une heure ! », « parfois je peux rester sans ne rien faire pendant des heures sans m’en rendre compte », « je me réfugie dans mon imagination pendant parfois des soirées entières », « repenser à ce souvenir m’a paru interminable, je n’en voyais pas le bout »

La dépersonnalisation : forme d’étrangeté temporaire à soi-même qui survient lorsque l’on est fatigué et/ou stressé. Se sentir comme absent, flou. Cela peut donner une impression de se voir comme en dehors de son corps, vu d’en haut ou de côté ou encore de se regarder faire les choses sur un mode automatique. Certaines personnes peuvent vivre les choses comme dans un film ou un rêve  qu’elles regardent. Cela les distancie émotionnellement et leur donne l’impression de n’exister que dans sa tête, d’être mortes à l’intérieur, ou comme enveloppée de coton… de ne pas être dans le présent.

« j’ai agis comme un robot », « je me suis vu comme d’en haut », « je ne parvenais plus à bouger mon corps », « je ne ressentais rien tout était froid »

La déréalisation : les personnes autour de soi ou l’environnement peut paraître comme irréel. Les voix peuvent sembler venir de très loin, quelqu’un que l’on connaît peut soudainement nous paraître étranger. Il peut y avoir une sensation d’être comme dans un tunnel.

« c’est comme si les gens qui me parlent sont petits et très loin, j’ai du mal à les atteindre », « le monde autour de moi me semble brumeux et j’ai du mal à rester accrocher à l’instant présent »

Les symptômes dissociatifs dans le « trop »

Il s’agit là dintrusions dissociatives. Elles  peuvent impacter les souvenirs, les pensées, les sentiments, les mouvements, etc.

Cela se manifeste par :

– des flash-backs

– des sentiments de tristesse/colère/désespoir, etc. ou des pensées qui semblent venir de nulle part

– des hallucinations auditives, visuelles, sensorielles

– des cauchemars avec un lien direct ou indirect avec le traumatisme

– un sentiment d’être paralysé par la peur ou de devoir fuir

– des réactions sévères de peur, de panique, des sursauts exagérés

– des sensations corporelles ou des douleurs qui n’ont pas de cause organique ou médicale

– des voix entendues en arrière-plan qui commentent, parlent, se disputent, etc.

« Le psychiatre m’a mise sous neuroleptiques car mes hallucinations témoignaient pour lui d’une psychose » victime de violences graves et chroniques, « le médecin a souhaité faire une HDT car mes absences (amnésies) l’inquiétaient quant à une probable schizophrénie », victime de violences graves et chroniques.

 je revois en boucle l’accident », « je fais des cauchemars particuliers : on dirait que je les vis vraiment c’est très intense », « je sens son odeur et ça me paralyse », « parfois d’un coup j’ai une montée d’angoisse et de pleurs, je ne vais mieux que lorsque ça s’est déchargé », « j’ai cette sensation dans ma gorge qui me fait mal quand j’avale, mon médecin ne trouve rien », « il y une part de moi qui me dispute quand je fais mal les choses », « dans ma tête il y a une voix très jeune qui rit beaucoup quand je regarde des dessins animés »

NB : ces symptômes (notamment les voix et les hallucinations) sont fréquemment associés, et à tort, à un diagnostic de schizophrénie. Or, ils ne définissent pas à eux-seuls ces maladies puisqu’on les retrouvent dans d’autres troubles. Cette méconnaissance est grave et entraîne de nombreux faux diagnostics de schizophrénie ou plus largement de psychose alors qu’il s’agit en réalité de troubles de stress post-traumatique ou de troubles dissociatifs. Demandez l’avis de plusieurs spécialistes.

Les commentaires sont clos.