PRÉVENTION DES VIOLENCES SEXUELLES ENVERS LES ENFANTS

POURQUOI IL FAUT EN PARLER AUX ENFANTS ET LEUR POSER DES QUESTIONS ?

COMMENT LEUR EN PARLER ?

COMMENT MIEUX LES PROTÉGER ?

Dès leur plus jeune âge, les enfants doivent êtes prévenus des dangers qu’ils
courent et informés sur comment, et par qui, en être protégés. Mais il est essentiel
de ne pas oublier que les enfants n’ont pas à être responsable de leur propre
protection, c’est aux adultes de l’être.
Protéger les enfants de toute violence est un impératif catégorique qui s’impose à
tous, et c’est un droit garanti par la Convention Internationale des Droits de l’enfant
(CIDE). Les adultes doivent être particulièrement vigilants et attentifs. Et ils ne le sont pas
suffisamment puisque toutes les études et les enquêtes de victimation montrent que les
enfants sont les principales victimes des violences sexuelles et que la très grande majorité
des personnes qui les ont subi enfants n’ont jamais été protégés, ni reconnues comme
victimes. Les enfants victimes de violences sexuelles sont soumis au déni et à la loi du
silence, ils leur est très difficile de parler et quand il y parviennent, ils sont rarement
entendus.
Pour briser ce déni et cette loi du silence qui règnent sur les violences sexuelles, informer
les enfants pour qu’ils puissent en parler plus facilement est très important mais ce n’est
pas suffisant, il est nécessaire d’aller vers eux et de leur demander régulièrement
s’ils ne subissent pas, ou n’ont pas subi de violences.
Il ne s’agit pas d’apprendre uniquement aux enfants que leur corps leur appartient et qu’il leur faut dire non aux violences, car c’est ne pas pas prendre en compte qu’un enfant,même averti, sera le plus souvent dans l’impossibilité de se défendre et de s’opposer,surtout face à un adulte déterminé à l’agresser. Ce sont les violences exercées,l’agresseur et sa stratégie qui sont la cause de cette impossibilité de l’enfant à dire non. S’en tenir à cette prévention, c’est risquer de culpabiliser l’enfant qui considérera que tout est de sa faute puisqu’il n’a pas pu éviter les violences, ce qui pourra l’empêcher de parler et d’alerter les adultes. 

De même, quand les adultes sont témoins ou sont informés d’agressions sexuelles sur
des enfants, il leur incombe de les prendre en compte, de ne pas les nier, de ne pas
penser que c’est impossible parce que les violences leur paraissent trop incroyables, ou
parce que celui qui est désigné comme l’agresseur leur paraît insoupçonnable, tellement
apprécié par tout le monde, si serviable, et que l’on connaît si bien, depuis si longtemps
qu’on est sûr que jamais il n’aurait pu faire une chose pareille… Ils est nécessaire
également qu’ils ne minimisent ou ne banalisent pas les agressions sexuelles sous
prétexte que cela ne serait pas si grave ou qu’il y a bien plus grave, que l’enfant est si petit
qu’il va oublier, qu’il ne parait pas si traumatisé, ou que cela ne serait que des jeux
d’enfants… Ils ne doivent surtout pas culpabiliser les enfants, ni leur reprocher d’avoir été
trop imprudents, trop naïfs, de ne pas s’être opposés ou défendus, de n’avoir pas parlé
plus tôt, de mentir, etc.

1/POURQUOI EN PARLER AUX ENFANTS ET LEUR POSER
RÉGULIÈREMENT DES QUESTIONS POUR SAVOIR S’ILS N’ONT PAS
SUBI DES VIOLENCES ?

Les violences sexuelles sont fréquentes, et nous l’avons vu les enfants en sont les
principales victimes. L’impunité dont bénéficient les prédateurs sexuels est telle qu’ils
peuvent agir en toute sécurité, avoir de longue carrière de pédocriminels, développer des
stratégies très bien rodées, et coloniser des espaces qui devraient être les plus sécurisés
pour les enfants (famille, école, loisirs, institutions religieuses, lieux de soin et d’accueil,
etc.). Le risque que les enfants soient confrontés à ces violences en tant que victimes ou
témoins doit donc être pris en compte.
Il est important que les enfants soient avertis qu’il existe des personnes qui
agressent sexuellement les enfants, et que le plus souvent ce sont des personnes
connues, des proches, des membres de la famille. Les agresseurs profitent de la
vulnérabilité des enfants, de leur méconnaissance et de leur incompréhension des actes
sexuels, de leur dépendance affective et de leur soumission à l’autorité, pour les tromper
et les manipuler. Il est facile pour des agresseurs, surtout lorsqu’il s’agit de personnes
proches auxquelles les enfant doivent obéissance ou avec lesquelles ils ont des liens
affectifs et de confiance, de leur faire croire que les violences sexuelles qu’ils leur font subir sont des choses normales, méritées, que c’est pour leur bien, parce qu’on les aime,
parce qu’on les considère comme des grands dignes d’être initiés, ou que c’est pour jouer,
les éduquer, leur apprendre la vie, ou les punir… Il est donc essentiel que les enfants
puissent identifier ce qui est normal et ce qui ne l’est pas, ce qui est interdit, ce qu’on n’a
pas le droit de leur faire. Et il est nécessaire qu’ils aient des outils, afin – s’ils se retrouvent
confrontés à une agression – de pouvoir comprendre et nommer ce qu’ils subissent, ce
qu’ils ressentent pour être moins déroutés par leurs réactions et leurs émotions ; de
pouvoir également repérer et anticiper les stratégies des agresseurs, et ainsi éviter
certains pièges ; d’avoir des conseils pour réagir et se défendre dans la mesure de leurs
possibilités, pour donner l’alerte, chercher du secours, et savoir à qui en parler.
Les avoir informés, peut leur permettre d’en parler plus facilement, et augmenter ainsi leur
chance d’être protégés, mais nous l’avons vu ce n’est souvent pas suffisant, il faut leur
poser régulièrement des questions pour rechercher s’ils n’ont pas subi de violences. Leur
poser des questions c’est tenir compte qu’il est fréquemment impossible ou très difficile
pour les enfants victimes de parler de ce qu’ils ont subi, en raison :
‣ de la stratégie de l’agresseur (de ses mises en scène trompeuses ou culpabilisantes,
de ses menaces ou de ses manipulations affectives), et de l’agression qui le plus
souvent va les sidérer et les paralyser, les empêchant de réagir (les adultes sont souvent
sidérés lors de violences sexuelles et les enfants encore plus, pour les plus petits cette
sidération est tout le temps présente) ;
‣ du traumatisme subi (état de choc, mémoire traumatique qui lui fait revivre les
violences et réactive une grande souffrance quand il essaye d’en parler, et dissociation
traumatique qui le déconnecte, lui donne un sentiment d’irréalité et entraîne
fréquemment des amnésies ) ;

La suite …FICHE DE PREVENTION n°1 

Mémoire Traumatique et Victimologie

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