L’automutilation, souffrir pour se purifier…

Je me souviens très bien des premières fois où j’ai commencé à me couper avec de petites lames de rasoir et à me piquer avec des aiguilles à coudre. Même si j’avais l’impression de ne pas être là je me rappelle combien j’étais concentrée pour me faire du mal sans prendre le risque de me tuer et aussi combien de fois seule le soir dans ma chambre, avec ma musique je cherchais la force de me mettre un coup fatal pour en finir.
Ces blessures sont quasiment restées toujours invisibles aux yeux de tous, comme moi, comme tout ce que je faisais, bien ou mal. Quand quelqu’un s’en rendait compte, il ne se passait rien, tout le monde était déjà si persuadé qu’à 16 ans j’étais foutue, que j’étais dingue, que ça ne servait à rien d’essayer de me sauver.
Je me souviens d’avoir pleurer des heures, sans bouger, sans comprendre pourquoi j’étais devenue « ça », sans que quelqu’un vienne me tendre la main et là je me disais « et si je mourrais? » « peut-être que tous ils se réveilleraient, peut-être qu’ils se rendraient compte de qui j’étais vraiment, peut-être qu’ils me regretteraient, peut-être qu’ils seraient tristes, peut-être que je deviendrais un ange et que je pourrais les voir pleurer de là haut… » et je priais, je priais si fort pour que tout ne soit qu’un mauvais rêve, pour que ma mère vienne me prendre dans ses bras, pour que tous ils me demandent pardon.
Mais je priais en vain, je n’étais peut-être pas assez croyante. Je ne suis restée que la pestiféré, la folle, celle qui ne voulait que détruire la famille, celle qui ne causait que des problèmes, celle qui n’avait pas de photos d’elle bébé parce qu’elle était trop laide voyons! Celle à qui on faisait le signe de croix sur le front quand elle saignait du nez parce que c’était le diable qui sortait par le nez! Celle qui faisait tout le temps la gueule! Celle qui de toutes façons finirait mal parce qu’elle ne s’interessait qu’aux garçons! Celle qui mentait! Celle qui était vicieuse, menteuse, voleuse!
Alors oui, me mutiler me faisait le plus grand bien, c’était mon soulagement du jour, ça me permettait de continuer à survivre, de me supporter et je riais même parfois de voir mon sang couler.

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