Le Parisien : « Mes enfants, c’est ma plus grande fierté »

« Mes enfants, c’est ma plus grande fierté »

Sandrine abusée par un oncle à 5 ans a deux fils.

Le même cauchemar est venu la hanter, à plusieurs années d’intervalle. Ce genre de cauchemar où l’on hurle et où aucun son ne s’échappe, où vos pieds sont des enclumes, où votre coeur va éclater. « Je vois quelqu’un qui viole mes fils, décrit Sandrine d’une voix blanche. Je sais que c’est un membre de ma famille et je suis impuissante. »

Cette jeune femme de 34 ans a fini par comprendre : chaque fois, ces années là, l’un ou l’autre de ses fils avait atteint l’âge de 5 ans. L’âge où elle, petite blondinette pleine de vie, a été attirée pour la première fois derrière une voiture à une fête de famille. L’âge où l’on ne comprend pas pourquoi ce tonton si  gentil met la main dans votre culotte avec un drôle de regard. L’âge où l’on apprend très vite que le danger, c’est votre propre famille.

Pour Sandrine, le cauchemar a duré 7 ans. Il ne l’a pourtant jamais empêché de rêver de devenir mère. Elle a même eu de la chance, c’est arrivé facilement, joyeusement, là où tant de survivantes de l’inceste ne parviennent même pas à tomber enceinte. « Sauf que quand le bébé s’est mis à bouger en moi, j’ai été prise de panique. J’ai compris que tout allait remonter à la surface. Je me sentais incapable de le protéger. » Sa propre mère n’avait-elle pas fermé les yeux, de manière incompréhensible, sur tous les signaux de souffrance qu’elle avait envoyés? »

« Je les ai surprotégés »

« Heureusement que je n’ai eu que des garçons. Une fille, ça aurait été l’enfer pour elle. Je l’aurais étouffée de précautions, elle n’aurait rien vécu. » Ses fils, c’est tout juste si leur propre père pouvait leur donner le bain. Dès qu’un adulte bienveillant s’approchait d’eux, une alarme sonnait dans la tête de leur maman. « Je les ai surprotégés, avoue Sandrine. Dès le plus jeune âge, je leur ai lu des livres les mettant en garde contre la pédophilie. Il n’existe aucune histoire d’inceste. Ce n’est pas facile de dire à un enfant qu’il peut ne pas être en sécurité au sein de sa propre famille. » C’est pourtant grâce à l’une de ces histoires qu’elle a pu crever l’abcès. « Un jour, mon aîné m’a dit : Arrête avec ça, tu nous gonfles. J’étais tellement vexée que c’est sorti : Je vous en parle parce que ça m’est arrivé. » Dire, beaucoup d’adultes n’y parviennent pas. Aujourd’hui, Damien a 13 ans et Nicolas 9. Ils vont «hyper bien » et leur maman, « hyper mieux ». « Qu’ils soient si sains, si solides, c’est ma plus grande fierté. Ce qui les a le plus choqué, remarque-t-elle, c’est que mon agresseur ne soit pas en prison. » F.D.

Le Parisien

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