Consentement, consentement, consentement : L’arme ANTI victime de viol

Ou comment le consentement de la victime est éclairé .

Dans l’article la correctionnalisation, la négation d’un crime (le viol est-il toujours un crime) il était déjà question de cet accord, de la victime, qui serait le garde fou mis en place par le législateur. Inutile de rappeler que pour obtenir cet accord , le juge souvent appuyé par l’avocat de la victime fait peur  en attirant l’attention sur l’horrible Cour d’Assises qui serait justement horriblement difficile à supporter. Déjà le doute était permis, comment la victime traumatisée pouvait- elle donner un accord valable. Comment  résister aux conseils prodigués par Monsieur le juge et comment pourrait-elle-même imaginer que son avocat est avant tout pressé d’en terminer avec son dossier, etc, etc…

Une simple illustration de ce consentement. Il s’agit ici d’un certificat médical établi à la demande de la justice pour la victime  d’un viol . Viol qui sera correctionnalisé. Un viol que l’auteur a avoué  très facilement avec des précisons, des détails que la victime elle-même avait oublié. Et, pour cause lorsqu’elle a été violée la première fois, elle était inconsciente.  Devant le juge d’instruction il est revenu sur ses aveux. Je vous passe les détails délirants, un seul qui a particulièrement retenu mon attention : Selon le violeur le non de la victime n’était pas un non catégorique mais un non consentant . Ne vous faites pas mal à la tête, vous avez tous et toutes compris : je répète le NON de la victime n’était pas un NON catégorique mais un NON consentant.

Dans le réquisitoire définitif, le procureur considère que ces dénégations sont sans valeurs ! Tout de même, merci Monsieur le Procureur, encore un peu et nous pourrions avoir la certitude que cette société est un asile psychiatrique à ciel ouvert.

Formidable transition pour revenir à l’état psychiatrique d’une victime de viol.

Attestation d’un professeur « agrégé »

 « L’examen gynécologique s’est avéré impossible en raison de l’état psychologique de la patiente et son état clinique a nécessité une hospitalisation afin de réaliser un examen gynécologique sous anesthésie générale »

Oui vous avez bien lu une anesthésie générale pour réaliser un simple examen gynécologique , je comprends que pour une victime fraîchement violée cela peut- être traumatisant, mais tout de même une anesthésie générale !! Drôle d’état effectivement.

Je poursuis la lecture «  De plus, la gravité de sont état psychologique a nécessité la consultation en urgence d’un confrère psychiatre […] qui l’a examiné ce jour et qui a préconisé pour elle la poursuite d’un suivi psychiatrique à long terme dans un centre d’hygiène mentale agrée ».

Arrêtons nous sur les mots : État psychologique d’une telle gravité que cela a nécessité en urgence la consultation d’un psychiatre. Ce dernier a préconisé un suivi psychiatrique à long terme.

C’est cette même  victime qui a besoin d’un suivi psychiatrique à long terme qui  va quelques semaines plus tard donner son accord (sans avoir vu la moindre tête de psy) à la correctionnalisation du viol qui l’a mis dans un tel état psychologique .

Que vaut un tel accord ? RIEN. Même pour l’achat d’une baguette de pain il faut un consentement libre et éclairé . Faut-il préciser que cette attestation était sous les yeux du juge d’instruction, celui là même qui a fait pression et trompé la victime pour qu’elle accepte la correctionnalisation.

Qui a besoin d’un suivi psychiatrique à long terme ? La victime du viol évidemment !! Mais pas seulement… Quand la société nie le traumatisme des victimes de viol en banalisant le crime encore et encore … Que faudrait-il préconiser ? Une thérapie collective peut-être , mais est-ce possible ?

Les victimes bénéficient décidément d’un traitement bien particulier. Consentement, consentement et consentement… Consentement présumé quand la victime vient porter plainte et tout au long de la procédure. Consentement pour la correctionnalisation quand le non consentement pour le viol a été reconnu. Consentement encore pour le huis-clos.

Ah, le huis-clos. Voilà un cadeau pour pérenniser la honte que doit obligatoirement ressentir la victime d’un viol. Ils sont tellement gentils , ils veulent protéger la victime de viol. Alors ils jettent la corde puisque  le viol est le seul crime dans lequel le huis-clos est de droit. Et, pourquoi donc une telle faveur ? Pour cacher le sexe (c’est bien connu que le viol est une affaire de sexe) que la société ne saurait voir , pour  dit-on  protéger la pudeur de la victime . Et, surtout, surtout on admet de droit que la victime de viol doit avoir honte d’avoir été violée. La vérité c’est que c’est une belle manière de taire le crime, de protéger le violeur et tous les violeurs potentiels …

 

Azhour Schmitt, juriste.

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