LES PACTES DU SILENCE

Les pactes de silence dans les drames familiaux

6 décembre 2017

Les pactes de silence sont des accords qui, en général, sont tacites. Ils impliquent un engagement à ne pas parler de certains sujets, de certains faits ou de certaines personnes. On part en effet du principe que le fait de parler et de sortir du silence pourrait avoir des conséquences désastreuses.

Généralement, ces pactes de silence tournent autour d’un sujet considéré comme tabou. Le tabou implique des croyances, et en l’occurrence ici la croyance que l’on doit éviter de parler d’un certain sujet impliquant une rupture avec quelque chose de sacré, avec un principe social irréfutable, ou encore avec une valeur très respectée.

« Parfois, le silence est le pire des mensonges. »

Dans toutes les familles, il y a des sujets dont il est difficile de parler. Une mort tragique, le suicide de quelqu’un, une grossesse hors mariage, etc. Cependant, c’est une chose que d’avoir du mal à parler d’un sujet, et c’en est une autre bien différente que de sceller des pactes de silence. On ne fait cela que lorsque les conséquences vont au-delà d’une simple honte ou d’une simple gêne.

Les pactes de silence et les transgressions

On dit que ce dont on ne parle pas n’existe pas. Il s’agit là de la logique qui semble prédominer dans les pactes de silence. On se tait pour feindre que les faits ne sont jamais arrivés. Et comme toute la famille fait semblant, il est plus facile d’expulser de sa conscience qui est arrivé.

Il y a surtout deux grands groupes de sujets autour desquels gravitent les pactes de silence dans la famille, mais aussi plus largement sur le plan social. Le premier groupe, ce sont les crimes, et l’autre est lié à la sexualité. Aussi bien l’un que l’autre ont parfois des conséquences graves sur le psychisme des personnes impliquées. Parfois même, cela pourrait aussi avoir des implications judiciaires.

Les sujets que l’on tait sont donc liés aux vols, aux assassinats ou aux crimes. D’un côté, oui. Mais d’un autre côté, on fait plutôt référence aux relations sexuelles interdites, ce qui recouvre les incestes, les abus sexuels, les relations homosexuelles, etc, ou tout autant de sujets qui pourraient diviser une famille en deux.

Le poids du silence

Les pactes de silence impliquent souvent des générations entières. La génération au sein de laquelle les faits ont eu lieu interdit complètement que l’on aborde le sujet, et cette interdiction est héréditaire. Généralement, avec le temps, on perd toute trace de la vérité. Ce qui reste en revanche, c’est le poids de ce silence sur quelque chose de terrible, de ce silence qui lui donne une connotation plus terrible encore.

Se taire, c’est une manière de réprimer, de contenir de manière forcée. Cependant, comme la psychanalyse l’a tant répété, tout ce qui est réprimé finit par ressurgir. Taire quelque chose n’est d’ailleurs pas forcément infaillible ; il y a toujours une brèche par laquelle s’échappe la vérité, qui finit par exercer une grande influence.

Les marques de toutes ces choses que l’on ne dit pas restent toujours scellées quelque part. Dans une manière de ressentir, d’agir, de penser. Les silences deviennent des phobies ou des maladies. Ou des fautes sourdes et des atmosphères étranges. Le silence pèse, et ce parfois même en dehors de la famille.

Les effets des pactes de silence

Refuser de parler de ce qui est décisif a des conséquences imprévisibles. Au départ, il s’agit d’une vérité confidentielle, qui donne lieu, la plupart du temps, à un traumatisme. Et les traumatismes inaugurent un cycle interminable de répétitions.

C’est pourquoi il n’est pas fréquent que dans une famille où, par exemple, il y a eu un abus sexuel que tout le monde a appris, mais dont personne n’a parlé, des expériences similaires se produisent dans les générations futures. Et il en va de même pour tous les faits interdits. Sans s’en rendre compte, certains éduquent les autres et les mènent à porter sur leurs épaules une faute silencieuse, ou à se punir. C’est quelque chose qui échappe à tout contrôle, car il s’agit d’un acte inconscient.

La faute, la douleur, la force de ce qui est arrive ne se dissipe pas simplement en établissant des pactes de silence. Au contraire. Les faits sont alors plus vivants que jamais et deviennent ce fantasme jamais vu, mais toujours présent, qui accompagne de nombreuses familles.

Le silence rend malade, et les mots soignent. La seule manière d’exorciser les fantasmes d’un fait abominable, c’est d’en parler. Cela évite à de nombreuses familles d’incuber un profond mal-être pour ceux qui sont là maintenant, mais aussi pour ceux qui viendront ensuite. Cela évite que se produise cet exil face à la vie qui apparaît comme un sceau chez ceux qui ignorent ce qui les précède.

Source Nos pensées 

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