Ils ont été formés sur les violences sexuelles
Maud LESCOFFIT.
Publié le 10/11/2016 à 05:11
Avranches.
Les professionnels du Sud-Manche ont été formés sur les violences sexuelles et la mémoire traumatique, à l’occasion d’un colloque organisé mardi.
En France, une femme sur cinq et un homme sur quatorze a été victime de violences sexuelles. On estime que seulement 10 % des victimes portent plainte un jour. Pour briser le silence, elles doivent pouvoir parler à des professionnels formés et informés.
C’était le but du colloque sur les violences sexuelles et la mémoire traumatique organisé, à la salle Victor-Hugo, par le Centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) Le Cap d’Avranches et l’Association départementale pour la sauvegarde de l’enfant à l’adulte de la Manche (Adaseam), mardi.
280 professionnels du Sud-Manche y ont assisté. Ils travaillent dans les secteurs de la justice, de la santé, de la protection de l’enfance, au conseil départemental, dans le milieu associatif et pour la première fois, cette année, à l’Éducation nationale. « C’était important pour nous que les infirmières, directeurs d’établissements, psychologues et assistantes sociales des collèges et lycées soient présents pour cette troisième édition du colloque, se félicite Yvonne Bausson, chef de service au CHRS Le Cap. Ils font partis des premiers à pouvoir détecter les victimes et tenter de leur parler. »
Des victimes mineures
Aude Fiévet, vice-présidente de l’association de lutte et de prévention contre l’inceste et la pédocriminalité Le Monde à Travers un Regard et le Dr Muriel Salmona, psychiatre-psychotraumatologue et présidente de l’association Mémoire traumatique et victimologie sont intervenues pour casser les préjugés sur les violences sexuelles et donner des clés aux professionnels.
« Quand on parle de violences sexuelles, les gens imaginent trop souvent une femme avec une jupe courte qui se fait agresser dans une rue sombre par un inconnu… C’est faux ! s’exclame le Dr Muriel Salmona. Les victimes sont en majorité mineures : 81 % ont moins de 18 ans, 51 % moins de 11 ans et 21 % moins de 6 ans au moment de l’agression. Et 94 % sont agressées par un proche ou une personne connue de la victime. »
En parler aux enfants
Les intervenantes ont également insisté sur la nécessité d’ «arrêter de culpabiliser les victimes », savoir les écouter et entendre leur souffrance. « 83% des victimes disent n’avoir été ni reconnues ni protégées. 95% déclarent qu’elles ressentent un impact sur leur santé mentale. Les victimes vont souvent mettre en place des stratégies complexes de survie comme le déni qui vont laisser place à la mémoire traumatique et aux souvenirs en flashes. Les violences subies auront ensuite un impact sur leur vie sentimentale, professionnelle et sur leur intégration sociale.»
Pour déceler le problème, les intervenantes conseillent aux professionnels de poser systématiquement la question à leurs interlocuteurs. « Il faut le demander systématiquement aux enfants, ne pas attendre qu’ils le révèlent d’eux-mêmes, leur en parler avec des mots simples qu’ils comprennent pour ne passer à côté d’un cas. » Pour cela, elles proposent notamment la distribution de fiches informatives aux enfants.
En cas de doute, elles invitent chacun à appeler le 119 pour les enfants, à contacter la Crip (Cellule départementale de recueil et d’évaluation de l’information préoccupante) ou à faire un signalement auprès du procureur de la République au tribunal de grande instance. « Il n’y a pas besoin de preuve. Il suffit d’avoir des doutes. »
Elles rappellent également que des groupes de paroles comme celui consacré aux femmes victimes de violences conjugales et celui de l’association Le Monde à travers un regard peuvent permettre aux victimes de s’exprimer.
Pour un signalement, contacter le 119 ou la Crip, jusqu’à 17 h, au 02 33 77 78 44. Association Le Monde à travers un regard sur www.lemondeatraversunregard.org et groupe de parole du Sud-manche pour les victimes de violences conjugales au 02 33 60 94 23.